Notre action est tout naturellement fondée sur le fait que toute personne raisonnable et sensée peut s’impliquer selon sa capacité et faire bénéficier tout le Québec de ses compétences personnelles. Par conséquent, l’Alliance pour la famille et les communautés est pleinement et entièrement ouverte à faire confiance au peuple québécois.
Nous croyons que les populations locales peuvent jouer un rôle majeur dans la planification des services publics locaux et nous sommes déterminés à mettre en valeur leurs compétences, leurs connaissances et leur engagement.
Notre tâche est de voir à ce que le peuple soit de plus en plus au courant, instruit et bien renseigné sur ses propres intérêts.
Notre objectif vise à gouverner ensemble par l’action collective dans un esprit de cohérence stratégique locale.
Il existe une philosophie politique contemporaine qui va de pair avec nos idées et notre volonté de réformer l’État québécois.
Le communautarisme est la philosophie politique à laquelle nous adhérons. Il est très important de faire une mise en garde pour préciser que le communautarisme est une doctrine récente qu’il ne faut surtout pas confondre avec le communisme, qui a été vu d’abord par Hegel en 1790 et notamment développé dans le manifeste de Marx et Engels en 1848.
Ceci étant dit, il faut se référer à l’idée que dans son sens noble, la politique a pour objet la qualification d’un bon gouvernement, ce qui présuppose des compétences spéciales et élevées pour gouverner les activités humaines en mettant en place, par son autorité et sa gouvernance, une relation harmonieuse dans la communauté sous sa gouverne.
Considérant ce fondement crucial, le communautarisme s’oppose au libéralisme du fait que la communauté est au centre de notre philosophie politique, contrairement au fait que l’individu est au centre du libéralisme.
Pour illustrer cette contradiction, il faut remonter à l’époque moderne qui fut marquée par l’émergence de la notion d’État. Les révolutions renversant la monarchie et l’absolutisme ont créé le constitutionnalisme libéral, notamment en réponse aux guerres de religion en Europe, soit à l’époque de la glorieuse révolution anglaise et ensuite par la Révolution française, le tout établissant la doctrine du libéralisme.
Au XIXe siècle, dans un esprit de civisme républicain, les doctrines des anciennes républiques se sont transformées en des régimes politiques aptes à protéger les libertés individuelles en réaction à l’absolutisme des régimes monarchiques. Le concept de liberté-participation a donc fait son apparition pour permettre aux citoyens, particulièrement par le suffrage universel, de prendre part à l’exercice du pouvoir, par l’élection de ses représentants. Dans cet esprit, on peut prétendre que la souveraineté appartient au peuple, qu’elle s’exerce par le peuple, notamment par le biais d’un mode de scrutin, et ces affirmations d’autonomie et expression de la capacité du peuple de se donner à soi-même la loi, représente la liberté au sens libéral. La philosophie politique est ainsi considérée démocratique, et ce, par un seul mécanisme de démocratie représentative.
Dans sa forme originale, le libéralisme s’est développé pour établir une forme politique de l’État-nation monarchique telle que nous l’utilisons depuis toujours au Québec, le tout dans un esprit de liberté d’exercer certains droits sans être soumis au pouvoir absolu. La force de la pensée libérale découle du fait qu’elle rejette l’ancienne organisation autoritaire de la société pour faire place à un État moderne dans le but de ne pas entraver la liberté de l’individu, notamment la priorité étant mise sur ses droits et ses devoirs. Le libéralisme est donc pleinement et entièrement fondé sur l’individu.
Par ailleurs, le libéralisme économique est également une application à la sphère économique des principes du libéralisme. Dans cet esprit, les libertés économiques comme le libre-échange, liberté d’entreprendre, libre choix de consommation, de travail, etc. sont nécessaires au bon fonctionnement de l’économie et l’intervention de l’État est contesté et elle doit y être aussi limitée que possible.
Bref, le libéralisme contemporain a laissé les entrepreneurs se développer à leur bon vouloir et le résultat est un fossé qui s’est creusé entre la richesse et la pauvreté, que l’on peut maintenant qualifier de gouffre monstrueux, et les dommages collatéraux à l’environnement sont extrêmement graves.
Paradoxalement, l’État est plus que jamais l’instrument de quelques individus qui s’associent pour contrôler pleinement et entièrement ce mode de fonctionnement technocratique et corporatif ou le lobbying est omniprésent.
Force est de constater que la république de la démocratie représentative telle qu’on la connaît aujourd’hui semble bien loin de la république de l’agora de la liberté de parole et de la politique antique de la cité de Platon.
À l’opposé, le système politique de la cité plaçait pour la première fois le pouvoir au centre pour transférer le pouvoir individuel entre les mains de la communauté dans un cercle des égaux, c’est-à-dire faisant passer la parole des rois à l’Agora, où le pouvoir n’est plus la propriété d’un seul homme, mais l’objet d’un débat ouvert à la communauté tout entière.
L’histoire de l’humanité nous montre que la politique est intrinsèquement liée à l’esprit de la vie en communauté. La notion de communauté est aussi ancienne que la philosophie politique. Cependant, les termes communautarisme et communautarien sont apparus dans la discussion de la théorie de la justice de John Rawls en 1971.
L’argument communautarien conteste le schème individualiste du libéralisme qui nous a proposé une fausse vision de la société moderne, car l’identité des individus et les buts qu’ils poursuivent sont manifestement associés à ceux de leur communauté, notamment par le lien d’appartenance et d’allégeance.
Par surcroît, puisque pour les libéraux, les droits individuels ne peuvent pas être sacrifiés au nom du bien de tous et que les principes de justice et les droits des personnes doivent au contraire être établis indépendamment de toute conception de la chose commune ou collective, le fondement de l’édifice libéral s’effondre en entier, attendu que l’individu appartient à une communauté et que l’individualisme au sens pur n’existe pas, et s’il existait réellement, le monde serait en grand péril !
Il est en découle que la conception inconsistante ou irréaliste du libéralisme nous prive de la vérité parce que la société contemporaine ne peut pas être comprise dans des termes purement individualistes pour tenir compte de la nature sociale des individus. Comment pourrait-il en être autrement des institutions et des communautés que nous formons ?
Dans le même esprit, les droits de l’homme qui ont acquis une place centrale dans la politique fondée sur le libéralisme et la démocratie représentative sont difficilement applicables en faisant abstraction des liens d’appartenance à la communauté, à la langue et à la nation ou encore à une minorité.
Par conséquent, la pensée libérale qui structure actuellement la vie sociale est une impasse, notamment en raison du caractère communautaire de la vie humaine. L’individualisme contemporain qui découle de la philosophie libérale de l’individu et son individualisme démocratique sont incohérents avec la dimension communautaire de la société.
Nul ne peut être pleinement et entièrement transparent à lui-même et nul n’est pleinement et entièrement asocial à l’endroit des autres. De plus, il existe manifestement des réponses culturelles différentes à des questions semblables et le libéralisme ne tient pas compte des traditions qui sont pertinentes et qui ont de la valeur pour chaque individu, notamment celles essentielles à l’identité de chaque personne et de chaque communauté. Par exemple, les Québécois sont fiers de leur langue française.
La tentative de développer des droits individuels en faveur de certaines minorités résulte bien souvent sur des tensions sociales sans pour autant satisfaire la demande, ni résoudre la situation.
Par conséquent, nulle société ne pourra survivre à l’individualisme libéral sans se fragmenter.
L’humanisme véritable ne peut pas être fondé sur l’individu.
L’humanisme doit être civique, et ce, très certainement en termes de participation aux affaires publiques.
Pour ces motifs, l’Alliance pour la famille et les communautés édifie ses propositions et ses actions sur la philosophie politique communautarienne et rejette la doctrine du libéralisme dont les dommages sont de plus en plus dominants.